philippe buschinger

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safari : a hundred pictures

Ganz grob gesprochen

 

Einem Foto kann man wirklich alles zutrauen.
Die Rezeption eines Fotos hängt zunächst einmal davon ab, was ich mir bis jetzt in meinem Leben für Infos geholt habe und dann wie fähig ich bin, diese Infos an das Foto heranzubringen und zu aktivieren. An und für sich bedeutet ein Foto wenig, ich könnte fast sagen, wäre ich ehrlich, es bedeutet gar nichts.
Das, was ich bin, die Art und Weise, wie ich die Welt wahrnehme, bringt in das Foto erst Sinn hinein. Nachträglich also geschieht die eigentliche Sinnkonstitution, egal ob und was sich der Fotograf bei dem Klick gedacht hat und egal ob und wie er das dann entstehende Foto in den Griff zu bekommen versucht hat.
Eigentlich ist es eher ein Zufall, wenn das vom Fotografen Gewollte und das vom Zuschauer Gesehene koinzidieren. Man könnte ja von einem Glücksfall sprechen. Es wäre deshalb ein folgenschwerer Irrtum, zu glauben und vor allem zu fordern, dass das vielleicht Gesehene mit dem einmal Gewollten übereinstimmen müsste.
Gerade das wird eingeleitet, wenn dem Zuschauer von aussen kommende Hilfsmittel zur Verfügung gestellt werden. So bekommt das Foto manchmal etwa einen Titel, einen Jahrgang, eine geographische Verankerung und eine Autorschaft. Solche Hilfsmittel hindern aber meistens den Zuschauer daran, mit dem Foto frei umzugehen. Er wird nämlich dadurch fast genötigt, in die vorgezeichnete Richtung zu gehen. Umwege darf er sich erst leisten, wenn er ein Freidenker geworden ist. Das kann er zwar immer werden. Falls er einer werden sollte, müsste er von vornherein bedenken, dass er dabei sozusagen die Übersicht verlieren könnte. Im Klartext heisst es, dass er sich mit System hinter einer rein subjektiven Ebene verschanzt hätte und dabei die objektivierbare oder im besten Falle intersubjektive Ebene nur verfehlen müsste. Ist es denn so wichtig, könnte man jetzt abrupt fragen, Objektivierbarkeit anzuvisieren ? Die Frage gilt für den Zuschauer wie auch übrigens für den Fotografen. Freiheiten gibt es nur relative, subjektive, mit keinen absoluten, mit keinen objektiven kann man sich als Individuum zufriedengeben. Eine subjektive Freiheit dürfte man insofern nicht objektivieren, als sie dadurch einen unwiederbringlichen Verlust erleiden müsste. Was wäre das Los einer solch amputierten Freiheit ? Auf einem Schrottplatz, in einer Anstalt zu verkümmern ?
Wenn man Kunst macht und wenn man Kunst geniesst, tut man das doch meistens alleine, nicht wahr. Man braucht keine Vormundschaft, es sei denn, man ist noch minderjährig oder man wird entmündigt. Minderjährig, so kann man hoffen, bleibt man nicht sein Leben lang. Die Schule verlässt man eines Tages. Was die Entmündigung betrifft, so müsste man sich in acht nehmen und sich das nicht gefallen lassen. Es wäre auf jeden Fall zu empfehlen. Auch wenn man den Eindruck haben kann, beobachtet man die Welt, dass viele es definitiv nicht schaffen, müsste man das weiterhin empfehlen : ach ja, man ist so unsicher vor dem Unbekannten, dass man gleich einen braucht, der das alles einordnet und vor allem klarstellt, man fühlt sich so ungern frei. Wenn es aber trotz aller Empfehlungen so weiterginge, so bräuchte man dann keine neuen Bilder, man könnte sich eben mit ewigen Wiederholungen desselben, ja mit faden Kopien begnügen. Dann bräuchte das Hirn keinen Anschluss mehr zu finden, es könnte endlich stillstehen. Und dann stünde man nackt da, ohne Hirn ? Könnte man dann noch essen ? Klar, wie bis jetzt : Vorgeschmecktes ! Und das verdaut man, scheint es, mit der Zeit immer besser. Ohne mich, ganz grob gesprochen.

 

Pour dire les choses carrément

 

Une photo est capable de tout.
La façon dont on regarde une photo dépend à la fois de ce qu’on a emmagasiné comme informations dans notre vie et de notre capacité à mobiliser et à activer ces informations dans la photo qu’on regarde. En soi, une photo signifie peu de choses. Pour être honnête, je pourrais presque dire qu’elle ne signifie rien du tout.
C’est ce que je suis, la façon dont je perçois le monde, qui met du sens dans la photo. Le sens d’une photo ne se constitue qu’après coup, peu importe ce qu’a pu penser le photographe au moment de déclencher et peu importe ensuite ce qu’il a pu tenter de maîtriser dans sa photo naissante.
Quand l’intention du photographe et la vision du spectateur parviennent à se croiser, c’est à dire vrai plutôt un hasard. On pourrait même dire que c’est un hasard heureux. Il ne faudrait donc pas croire ni surtout exiger, cela serait une erreur lourde de conséquences, que ce qui sera vu dans la photo doive absolument correspondre à ce qui, à un moment donné, a été voulu. C’est pourtant ce que l’on induit quand on tâche d’aider le spectateur de l’extérieur en adjoignant par exemple à la photo un titre, une date, un ancrage géographique ou une paternité. De telles aides empêchent le plus souvent le spectateur de se débrouiller avec la photo comme bon lui semble. Il se sent en effet presque contraint d’avancer sur la voie qui lui est tracée. Il ne pourra se permettre de divaguer que s’il est devenu un libre-penseur, ce qu’il peut certes devenir à tout moment. Dans ce cas, il devra considérer a priori qu’il pourrait très bien alors ne plus s’y retrouver du tout. En clair, à se retrancher systématiquement derrière une vision purement subjective, il ne ferait que perdre la possibilité d’accéder à un plan objectivable ou, dans le meilleur des cas, à un plan intersubjectif. On pourrait oser ici une question directe : est-il si important de viser l’objectivabilité ? Cette question vaut tant pour le spectateur que du reste pour le photographe. Il n’y a de libertés que relatives, subjectives. Un individu ne peut se satisfaire de réalités objectives. Il ne devrait pas d’ailleurs être possible d’objectiver une liberté subjective, car celle-ci subirait alors des dommages irrémédiables. Quel serait le destin d’une liberté pareillement amputée ? Finir ses jours dans une décharge, dans un asile ?
Quand on fait de l’art ou quand on s’intéresse à l’art, on le fait la plupart du temps seul, n’est-ce pas ? On n’a nul besoin de tuteur, à moins que l’on soit encore mineur ou que l’on soit mis sous tutelle. On peut espérer ne pas rester mineur toute sa vie. Ne finit-on pas un jour par quitter l’école ? Quant à la mise sous tutelle, il faut bien s’en garder et ne jamais se laisser faire. C’est le conseil qu’on pourrait en tout cas donner. Même si on peut avoir l’impression en observant le monde que beaucoup n’y parviennent nullement, on ne devrait pas renoncer à prodiguer ce conseil : ah bien sûr, on se sent tellement démuni devant l’inconnu qu’on a besoin de quelqu’un qui trie et explicite les choses, on aime tellement peu se sentir libre. Mais si en dépit de toutes ces mises en garde, il continuait d’en être ainsi, on n’aurait pas besoin de nouvelles images, on pourrait se contenter de l’éternelle répétition du même, voire de copies fades. Le cerveau n’aurait plus besoin de chercher à quoi se raccrocher, il pourrait enfin se remettre au repos. Et alors, on se retrouverait bien vite à poil, sans cerveau, non ? Pourrait-on alors encore manger ? Mais bien sûr, comme jusqu’à présent: du pré-mâché ! Il semble qu’avec le temps c’est ce qu’on digère le mieux. Sans moi ! Pour dire les choses carrément.

Philippe Buschinger

in :

Fairy Tale, the magazine of Vier5
Haute Couture
2004